Nombreuses sont les
personnes qui me demandaient « à quand un nouveau post ? » Je tiens à les remercier de leur soutien ainsi que tous les autres lecteurs du blog. J’ai
été extrêmement longue mais ce n’est pas faute de ne pas y avoir pensé, j’y
pensais constamment mais je n’y arrivais pas car je bloquais par peur de me
répéter, de reprendre des thématiques déjà abordées dans lesquelles j’ai
exploré toutes les dimensions possibles. De plus, écrire pour vous dire qu’en
fin de compte la fac a eu raison de moi, que mon tout premier sentiment par
rapport à cette institution était le bon ; que je ne m’y trouve plus, que
je ne m’y trouve pas et pire encore, qu’en vérité je ne m’y suis jamais
réellement trouvée. Epouvante perspective. Hélas, j’aurais beau fuir, courir aussi
loin et aussi vite que je le peux, l’éclatante vérité, elle, finirait bien par
me rattraper et me faire tomber. La vérité est que je ne sais pas comment
envisager la suite car une suite il y en aura bien une mais je ne parviens pas
à la concevoir, tout n’est que désenchantement et poursuite du vent. La faute à
qui ou à quoi ? Je ne saurais pas non plus y répondre mais pour autant je
ne m’apitoie pas sur mon sort car cela, nombre d’entre vous le savent, ne me
ressemble pas. On me dira simplement qu’il n’est pas encore trop tard et que ma
prise de conscience post hypokhâgne était la bonne, que j’aurais dû mettre un
terme à mes études supérieures au lieu de me leurrer… mais – il faut toujours
un mais – je ne peux considérer pleinement cette option. En tout cas, pour le moment.
« Entre
prendre conscience et accepter il y a parfois un abyme. Je l’ai découvert à mes
dépens. Tellement l’envie de ne pas se noyer est puissante, vous nagez à contre-courant
afin de ne pas sombrer. Mais en réalité, vous vous enfoncez dans des
profondeurs abyssales et le souffle vient inévitablement à vous manquer.»
La
prise de conscience n’est pas nouvelle, elle date de deux ans.
Deux ans ? Deux ans ! Oui, 730 jours. Je les revoie
défiler tous ces matins où le réveil sonne, tous ces devoirs rendus en retard,
quand rendus ils étaient. Ces heures à rêvasser, imaginez un avenir « meilleur »
ces heures passées à la BIS à lire
des ouvrages aussi bien stimulants qu’inintéressants pour certains. La vérité
est quasi indicible pour moi car lorsque vous vous avouez quelque chose, vous
ne pouvez plus l’ignorer, la feinte n’existe plus. J’ai totalement négligé mon
année pour me consacrer à d’autres choses ce qui m’a immanquablement desservie.
Les rattrapages ? Je ne compte pas même m’y présenter car j’estime que ce
n’est pas en une semaine ou deux que l’on rattrape un semestre entier. Le cœur n’y
est plus et je suis déchirée par l’envie de changer de filière ou redoubler car
je n’aime pas laisser les choses inachevées. Pourtant, j’ai toujours considéré
cette dernière alternative comme étant inacceptable pour moi. La peur de
décevoir mon entourage a grandement forgé la révulsion que j’ai du
redoublement, la honte personnelle, le sentiment de faiblesse, d’échec aussi. Certaines
personnes avec qui j’ai pu évoquer cette option m’ont clairement et à juste
titre rappelé qu’en aucun cas le redoublement n’est synonyme de honte ni même d’échec.
Bien que je n’y croie qu’à moitié, mon avis n’est pas encore totalement fixé. Je
ne cache plus que l’enthousiasme débordant dont je faisais preuve au début de l’année
et que j’ai partagé avec vous a disparu, tel un nuage de fumée. Etait-ce qu’un
mirage ? Si tel était le cas, il m’a fait miroiter des montagnes de
réussites qui pour le moment semblent hors de ma portée, si bien sûr, leur
existence est avérée. L’élément déclencheur ? Il n’y en a pas qu’un seul,
mais plusieurs qui s’additionnaient depuis février voire janvier. J’étais
encore trop effrayée, je ne voulais tout bonnement pas voir. Non seulement j’ai
fermé les yeux mais j’ai ajouté un masque sur ces paupières closes. Mes chances
d’avancer dans la bonne direction étaient nulles. Malgré tout, je pense qu’il
est tout à fait normal de douter et d’être terrifié à l’idée de ne pas savoir
où la vie va nous mener toutefois, je ne dis pas cela pour justifier ma
médiocrité ni mon incapacité à parvenir à trouver ma voie, je sais et je suis
sure que je finirai par la trouver j’ai simplement besoin de plus de temps. Du
Temps. Parfois, je me surprends à penser que du temps, j’en ai trop gâché, je l’ai
regardé me filer entre les doigts sans même réagir. Ce temps dans lequel je
mise tout se joue de moi ; il passe à une allure exubérante, tel un train
grande vitesse et moi, je suis là, stupidement ébahie, je le regarde s’en aller
sans rien faire pour l’attraper ni même le rattraper. Du temps j’ai peur, car
il peut tout aussi bien finir par me manquer. Peut-être en ai-je suffisamment
eu mais je n’ai pas été capable de l’apprécier à sa juste valeur, après tout,
diront certains deux années ne sont pas une période négligeable.
Tout bien
considéré, peut-être que s’arrêter pour prendre de la hauteur et avoir un
jugement beaucoup plus pondéré sur les événements est ce dont j’ai besoin. Il
est tout à fait normal que je m’arrête, que je lâche prise un temps, que je me
pose les bonnes questions afin de me préparer au mieux au long périple qui m’attend.
Oui, il est tout à fait normal de s’arrêter tant que l’on a la ferme intention
de se relever, de se tenir debout avec courage et d’être fort, plus fort que
jamais, de recommencer et d’affronter la vie et ses péripéties avec une
détermination stupéfiante. J’ai également appris de la vie que l’important n’est
pas d’arriver le plus vite possible mais de marcher et surtout de trébucher car
cela nous oblige à nous remettre en question. Pour ma part, j’estime que j’ai
énormément trébuché, j’ai emprunté moult routes sinueuses qui m’ont défoncé les
pieds et que l’heure est venue pour moi de me relever.
« Je descends
de ma scelle. Il n’est pas question d’abandon. Je n’abandonne pas la course,
simplement je change de monture. »
Accepter ? C’est
récent mais cela devenait de plus en plus nécessaire, en effet, on ne peut
prétendre vouloir arriver le plus rapidement possible en rampant. Alors non, je
ne raccroche pas les gants, je me suis toujours battue même lorsque tout était
contre moi. Je n’abandonne pas. Je suis essoufflée mais pas à bout de souffle.
Il est vrai et je l’avoue j’ai parfois l’horrible sensation d’avoir tout
essayé, d’avoir tout donné mais c’est le désespoir qui parle et non mon moi
véritable. Non, je n’abandonne pas car lorsque l’on se bat, on se bat jusqu’à
ce qu’on n’en peut plus, que votre corps tout entier vous dit STOP, jusqu’à ce que vous n’ayez plus
aucune force. Moi, j’ai juste besoin de retrouver cette force qui sommeille en
MOI.
Un proverbe Gabonais
dit que « Le
fleuve fait des détours parce que personne ne lui montre le chemin »
j’aime à y croire et penser qu’il en va de même pour moi.